La flottille cherbourgeoise s’agrandit

Déjà à la tête de deux chalutiers hauturiers, les armateurs cherbourgeois Sophie et David Leroy viennent de faire construire le Maribélise, en attendant un autre bateau neuf en 2018. Une bouffée d’air pour la pêche locale qui n’avait pas accueilli de chalutier hauturier neuf depuis 1994.

« Il fallait oser et nous l’avons fait ! » La nouvelle génération de pêcheurs cherbourgeois croit en l’avenir de leur filière. Sophie et David Leroy, un couple de quadragénaires, par exemple.Après avoir acquis le Marie-Catherine en 1999 et le Maranatha en 2015, des bateaux de 22 m, le couple poursuit l’aventure maritime de son Armement cherbourgeois, en agrandissant sa flottille. Samedi avait lieu le baptême du Maribélise. Ce nouveau chalutier hauturier de 22,5 m a été construit à Saint Malo (Ille-et-Vilaine) et équipé à Boulogne (Pas de Calais).

Un chalutier hauturier neuf, le port de pêche de Cherbourg n’en avait plus connu depuis 1994 avec à l’époque, l’arrivée du Fred Eric Jacky. Et la flottille cherbourgeoise qui comptait plus de 15 chalutiers hauturiers il y a une vingtaine d’années, n’en a aujourd’hui plus que sept.Plus largement, ce navire vient renforcer la flottille des 600 navires normands. « Le nombre d’unités de pêche a tendance à augmenter depuis trois ans. On constate un regain d’intérêt et le moral est bon. Il y a du poisson et il se vend bien », se félicite Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêches. Une filière pêche que Dimitri Rogoff ne souhaite pas voir se déstabiliser par la vente directe. « L’outil qu’est la criée est formidable et ce chalutier va amener des tonnages. Quand la vente est organisée, c’est un gage de sécurité. »Pour construire le Maribélise, Sophie et David Leroy ont investi du temps et de l’argent. « Ce projet a demandé deux ans pour sa construction. Nous avons étudié les plans avec les équipages. » Un investissement de « 3,2 millions d’euros sur nos fonds propres mais c’est une mise sur l’avenir. Nous comptons quinze ans pour le rentabiliser », note l’armateur, qui n’a bénéficié d’aucune subvention.

Dix emplois créés

« C’est aussi dix emplois créés. » Huit marins seront embarqués à bord. « Nous effectuerons des marées de six jours. Nous ferons un roulement avec toujours trois marins au repos », poursuit David Leroy, qui emploie désormais 30 personnes (matelots et administratifs).

Ils disposeront d’un hauturier équipé de technologies non négligeables comme des chaluts de fonds plus sélectifs et une carène optimisée pour limiter les dépenses de carburant. « L’intérieur est plus confortable pour les matelots et les cabines mieux adaptées. Côté motorisation, nous avons plus de tractions avec la même puissance mais surtout beaucoup moins de bruit sur le pont », explique le patron qui a misé sur le confort de travail pour ce rêve d’enfants de pêcheur qui aboutit. « Pour trouver de bons matelots à Cherbourg, il faut un outil de travail mieux adapté », ajoute-t-il.

1 800 t débarquées

La criée de Cherbourg, qui a enregistré une baisse de 11,5 % du tonnage en 2016, voit cette arrivée d’un très bon oeil. Pour son responsable Marc Delahaye, c’est « un gage d’avenir » ! Pour cause : « Nous devrions débarquer quelque 650 t de produits de pêche chaque année, soit au total 1 800 t avec nos deux autres chalutiers. Nous pêchons du merlan, de l’encornet et de la sèche, entre autres », déclare David Leroy qui sait que « la ressource est là. On y croit ».Le couple n’en restera donc pas là. « Nous lançons la construction d’un second chalutier identique au Maribélise. Il arrivera à Cherbourg en septembre 2018, pour remplacer le Marie-Catherine. »

 

Source : Article Ouest France